Le coaching inclusif : accompagner chaque personne dans sa singularité 

Je me souviens de ce moment où j’ai réalisé que ma façon de percevoir le monde était différente, c’était il y a bien longtemps, mais à l’époque j’ai choisi inconsciemment de ne pas y prêter attention. Être neuroatypique et le conscientiser – en plusieurs étapes – m’a appris une chose essentielle : il n’existe pas une seule manière d’être, de penser ou d’apprendre. Et c’est aussi évolutif selon ce que l’on acquiert au cours de notre existence. Comme je l’ai dit un jour à un de mes N+1 qui n’y adhérait pas dans ce que cela induisait, à mon sens « il y a plusieurs logiques ». C’est cette richesse que je souhaite partager aujourd’hui, à travers ma vision d’un coaching qui embrasse pleinement nos différences. 

Voir au-delà des étiquettes 

Vous savez, chaque personne que j’accompagne m’enseigne et me rappelle à quel point nous sommes uniques, et combien nos programmations internes – qu’elles soient neurologiques, culturelles ou liées à nos expériences de vie – façonnent tout autant nos talents que nos défis. Certains captent les moindres détails visuels quand d’autres excellent dans l’analyse des patterns. D’autres encore ont cette capacité fascinante à faire des connexions que personne d’autre ne voit. Ce ne sont pas des « particularités à gérer » ici, mais bien des forces à cultiver in fine. D’où la nécessité de développer des stratégies adaptées pour transformer ce qu’il peut être de défis dans la découverte et l’expression de nos atouts authentiques.

L’Écoute, cette danse subtile selon laquelle se fait le mouvement

Dans mon expérience, le véritable accompagnement commence par une écoute profonde. Pas celle qui attend simplement son tour pour parler, mais celle qui cherche vraiment à comprendre l’autre, dans ce qu’il est intrinsèquement, en adaptant la communication, en prêtant attention aux formulations aux émotions aux expressions comme aux non-dits. J’ai appris qu’il y a mille façons de communiquer – parfois avec des images, des métaphores, ou simplement en laissant le silence faire son œuvre. L’important n’est pas tant la méthode que la connexion authentique qui se crée, dans la posture et l’agilité qui va avec. L’important aussi n’est pas de projeter ses propres normes sur l’autre et son propre référentiel de neuroatypique non plus dans tout cela.

Des petits pas concrets 

J’aime travailler avec des objectifs clairs (on parlera d’objectifs SMART et pour tout type d’objectifs, qu’ils soient sociaux ou de performance par exemple) tout en m’assurant qu’ils soient écologiques pour la personne, ce qui n’est pas toujours aussi évident qu’on pourrait le penser. Par exemple, plutôt que de dire « je veux améliorer la réputation de mon entreprise », on peut commencer par « D’ici la fin du mois, je veux obtenir 5 avis Google 5 étoiles ». L’objectif est tangible et mesurable, il a un timing précis, cela reste adaptable dans la démarche. Evaluer et réévaluer des sous objectifs en cohérence et en étant le plus explicite possible permettra de tenir le fil d’Ariane de l’objectif final quant aux actions mises en mouvement.

Créer son propre chemin, être acteur de son destin

La gestion du/d’un stress est souvent au cœur de nos discussions à un moment donné. Certains trouvent leur équilibre dans la méditation, d’autres dans la musique, les exercices de respiration, l’écriture ou le mouvement. L’essentiel est de trouver ce qui nous parle vraiment, pas ce qui « devrait » marcher selon les livres ou la projection des autres. C’est à partir de ce que l’on a acquis de connaissance de soi que l’on va pouvoir mieux orienter et développer ses ressources, via des stratégies et du renforcement adaptés. Le travail sur les croyances limitantes jalonne aussi souvent ce parcours, pour lever certains mécanismes susceptibles de l’entraver. C’est dans cette logique qu’il est essentiel de créer en amont une réelle alliance de travail car elle est au fondement même de la bonne continuité de l’accompagnement de la personne et des adaptations ou pas de côté qui peuvent le suivre. L’auto-réflexion et la prise de recul via des exercices vise à alimenter également le chemin et les ressources de cette dernière en ce sens.

Un espace pour être Soi 

Que ce soit à la maison ou au travail, nous avons tous besoin d’espaces où nous pouvons être authentiquement nous-mêmes. Cela peut parfois passer par des choses toutes simples : un coin calme pour se ressourcer (pause sensorielle), des tableaux visuels pour s’organiser, des fidget toys pour s’autoréguler, ou simplement la liberté de dire « aujourd’hui, j’ai besoin de travailler différemment ». Intégrer ces approches dans notre vie quotidienne comme dans le milieu professionnel peut favoriser une meilleure compréhension ou / et acceptation, tout en évitant d’être dans un excès de compensation, pouvant être néfaste. Toutes les (micro)stratégies permettant d’être sans être en surtension sont importantes à explorer, tout comme le fait de pratiquer une communication ouverte et bénéficier de feedbacks constructifs au travail par exemple vont favoriser l’apaisement dans l’échange.

Explorer son propre Leadership et en développer la vision

Au delà de politiques spécifiques de recrutement et de gestion à favoriser (la sensibilisation et formation des managers reste une étape clé) pour mieux accompagner l’intégration et la bonne contribution des talents neuroatypiques, la généralisation des stratégies opérantes quant à la qualité des interactions (et aussi là dedans celles là liées à notre communication intrapersonnelle et pas qu’interpersonnelle) est un vrai support en termes de compréhension et du développement de ce que nous sommes. Cette même compréhension qui peut permettre à tout un chacun de comprendre que le rôle d’un manager n’est pas de formater des gens, mais de créer un environnement ou chacun peut briller à sa façon et exprimer le meilleur de lui-même. Ce dernier point peut être un point fort chez un manager neuroatypique par ailleurs, dans l’apport d’une pensée hors des sentiers battus et d’une approche manégériale empathique (entre autres) favorisant l’innovation et la performance. Il sera en outre un excellent ambassadeur de la diversité cognitive.

Pour conclure sur le coaching inclusif

Au fond, tout ceci nous ramène à une vérité très simple : nous sommes tous différents, et c’est tant mieux. Le coaching inclusif est un accompagnement qui part de ce postulat. En effet l’inclusion n’est pas une technique ou une méthode, c’est un état d’esprit. C’est accepter que la « norme » n’est qu’une construction, et que la vraie richesse réside dans notre capacité à accueillir et célébrer nos différences. Par exemple avec mon TDAH, si j’ai pu avoir certains défis professionnels quant à la simplification de ma pensée (esprit de synthèse oral), il a toujours a contrario été un atout pour moi dans l’appréciation et la gestion de situations complexes, dans la manière que j’ai de pouvoir traiter un grand volume d’informations simultanément en contexte (hyperfocalisation / pensée fulgurante).

En intégrant des stratégies adaptées et en promouvant un leadership inclusif propre aux besoins et spécificités de chacun, nous pouvons tous nous épanouir en apportant notre contribution unique. La démarche systémique peut aussi être bénéfique à différentes échelles, tant pour les individus que les organisations.

NB : cette dernière réflexion autour des dynamiques de pensée me donne par ailleurs une idée d’article que je tenterai de développer prochainement, autour de notions imagées telles que la cavalerie cognitive et le jukebox mental 🙂

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