On parle souvent de productivité en termes de performance, de vitesse et d’efficacité. On vante les mérites de ceux qui enchaînent les tâches, sautent d’une réunion à une autre, le tout sans ralentir. Mais si je vous disais que, pour vraiment être productif, il faut d’abord savoir faire une chose simple : s’arrêter.
Cela peut paraître contre-intuitif, voire provocateur, mais c’est une réalité cruciale, en particulier pour les personnes neurodivergentes (comme celles ayant un TDAH ou étant autistes). Dans un environnement de travail conçu pour la performance continue, elles doivent souvent composer avec des mécanismes cognitifs différents, qui nécessitent non pas plus de tâches, mais des pauses régulières et intentionnelles pour maximiser leur efficacité.
Neurodivergence : la productivité en mode « souris dans la roue »
Pour les personnes atteintes de TDAH, par exemple, le cerveau peut fonctionner à un rythme effréné, semblable à une souris courant dans une roue sans pouvoir s’arrêter. Ce fonctionnement rapide est parfois assimilé à un superpouvoir : il permet de penser vite, d’être créatif, d’aborder les problèmes sous un autre angle que ce qui pourrait être plus communément envisagé. Mais ce dernier a aussi ses limites. Il peut amener à une surcharge cognitive où la concentration se dissipe et où l’on se retrouve à tourner en rond.
Le paradoxe ? C’est justement dans cette spirale que beaucoup se retrouvent à être moins productifs malgré des efforts importants. Le cerveau fatigue, s’éparpille, et c’est là que l’importance des pauses sensorielles entre en jeu par exemple.
Pourquoi faire une pause est synonyme de gagner du temps
Prendre une pause, c’est loin d’être un luxe. Pour les personnes neurodivergentes, c’est un véritable levier pour exploiter au mieux leur potentiel cognitif. On pense souvent à tort que chaque minute « arrêtée » est une minute de perdue. Mais comme je me plais toujours à le dire : on ne perd jamais de temps à en gagner.
Les pauses sensorielles, ces moments où l’on se déconnecte intentionnellement des stimuli environnants, permettent de :
- Réinitialiser le cerveau : En vous accordant des moments de silence ou de répit, vous réduisez la surcharge sensorielle qui vous empêche de fonctionner à plein régime.
- Améliorer la concentration : Après une pause, le cerveau est plus clair, plus focalisé, et il est capable de trier les informations importantes des distractions. Ce qui semblait un problème insurmontable avant la pause devient bien plus simple à gérer.
- Éviter le burnout neurodivergent : Les personnes neurodivergentes ont besoin de temps pour se régénérer mentalement. Ignorer ces moments mène souvent à un épuisement émotionnel qui nuit non seulement à la productivité, mais aussi au bien-être à long terme.
Comment optimiser son temps avec des pauses sensorielles
L’une des meilleures manières d’optimiser son temps de travail (et surtout ses ressources cognitives) est de se former à reconnaître quand votre cerveau a besoin de se recharger.
Voici quelques idées pour intégrer efficacement des pauses dans votre quotidien :
- Repérez vos moments de surcharge : Prenez conscience des moments de la journée où votre cerveau commence à « tourner dans le vide ». C’est souvent le signal qu’une pause est nécessaire. Ces moments peuvent arriver après des réunions intenses, de longues périodes de travail ou même des interactions sociales fatigantes.
- Créez un environnement favorable : Si possible, aménagez votre espace de travail pour qu’il permette des pauses sensorielles efficaces. Un endroit calme, des écouteurs avec réduction de bruit, ou même quelques minutes passées dans une pièce sombre peuvent avoir un impact énorme sur votre capacité à vous reconcentrer.
- Utilisez des outils pratiques : Si vous avez un TDAH, des outils comme les minuteries de type Pomodoro peuvent vous aider à structurer vos journées. Travaillez par blocs de 25 minutes, suivis de courtes pauses, puis allongez les pauses après plusieurs cycles. Cela permet de garder votre énergie cognitive stable tout au long de la journée.
S’éduquer à prendre des pauses : un défi et un art
Pour beaucoup de personnes, neurodivergentes ou non, apprendre à faire des pauses intentionnelles peut être un vrai défi. Nous avons tous été conditionnés à croire que « faire plus, c’est mieux ». Mais pour ceux dont le cerveau ne fonctionne pas selon les normes traditionnelles de productivité, cette mentalité peut être non seulement inefficace, mais aussi nuisible.
S’éduquer à ralentir pour mieux performer, c’est une compétence que beaucoup de professionnels sous-estiment. Les pauses sensorielles sont un moyen de se reconnecter à soi-même, d’écouter ses besoins, et de respecter les limites cognitives de notre cerveau. Et paradoxalement, cela permet d’optimiser ses performances sur le long terme.
Pour conclure : pausez-vous pour avancer et gagner en productivité !
Si votre cerveau est une Ferrari, ne le laissez pas tourner à plein régime en permanence sous peine de brûler son moteur. Prenez des pauses, recentrez-vous, et profitez-en pour réaligner votre énergie avec vos priorités. Cette démarche n’est pas un signe de faiblesse, mais un acte d’intelligence et de bienveillance envers soi-même.
Et souvenez-vous, que vous soyez neurodivergent ou non : on ne perd pas de temps à en gagner. C’est en prenant des moments pour respirer que vous trouverez la clarté nécessaire pour avancer plus vite et mieux sur ce qui compte réellement.