Donner du sens à son travail : nécessité ou question de personnalité ?

Le monde du travail est en constante évolution, et avec lui, les attentes et les besoins des individus en son sein. Parmi les questions cruciales qui se posent aujourd’hui, celle de donner du sens à son travail émerge comme un enjeu majeur. Est-ce une nécessité inhérente à la nature humaine ou plutôt une question de personnalité ?

Cet article explore cette problématique en mettant en avant quelques pistes tout en étant limité dans la complexité de la question. Il tend à valoriser une pluralité de facteurs en parallèle d’aspirations personnelles et professionnelles en constante évolution dans cette logique.

Le Quiet Quitting : un cri silencieux

Le concept de « quiet quitting » révèle une réalité troublante du monde professionnel moderne. Il désigne la tendance des employés à rester dans leur emploi actuel tout en se désengageant mentalement et émotionnellement pour finir par la quitter doucement. Selon une étude menée par la société de sondages Gallup, seuls 15% des salariés dans le monde se disent réellement engagés dans leur travail. Ce chiffre alarmant met en lumière un décalage important entre les attentes des employés et ce que leur offre leur environnement professionnel.

Le « quiet quitting » reflète ainsi la quête croissante de sens au travail. Les individus recherchent davantage que de simples tâches à accomplir ; ils aspirent à contribuer à quelque chose de plus grand, à ressentir un impact positif et à trouver du sens dans leur quotidien professionnel.

Depuis peu – du moins recensée depuis peu – une nouvelle tendance intitulée le « loud quitting » émerge également (son hashtag possède plusieurs milliers de vues sur TikTok) comme le pendant inverse de la première. L’idée est ici d’affirmer son mécontentement et son insatisfaction vis-à-vis de l’entreprise.

Le Digital et le Télétravail : entre avantages et désenchantement

L’avènement du digital a profondément transformé la manière dont nous travaillons. Le télétravail, notamment accentué par la pandémie de COVID-19, a révolutionné la façon dont les entreprises opèrent et les individus interagissent avec leur travail. Si d’un côté il offre une flexibilité appréciable et la possibilité de mieux concilier vie professionnelle et personnelle, il peut aussi contribuer à brouiller les frontières entre ces deux sphères.

L’utilisation intensive des outils digitaux et la permanente connectivité peuvent entraîner un épuisement professionnel et nuire à la recherche de sens au travail. Une enquête réalisée par le cabinet Deloitte a révélé que 77% des travailleurs consultent leurs e-mails professionnels en dehors des heures de travail, créant ainsi une pression constante et un éventuel sentiment d’urgence permanent.

De la même manière, nous n’avons pas tous les mêmes besoins car nous n’avons pas tous la même histoire de vie, les mêmes modes opératoires, le même fonctionnement. Ainsi certaines personnes seront plus à l’aise à l’idée de télétravailler fréquemment que d’autres qui auront davantage besoin de contacts sociaux (au delà des spécificités métiers ayant un rôle dans cette dynamique). Après les entreprises sont plus au moins malléables également à cette logique, pouvant ainsi donner lieu à de nouvelles « contraintes » pour les collaborateurs.

Les tendances du marché de l’emploi : vers des transformations et la redéfinition de priorités

Le marché de l’emploi subit également des transformations significatives. Les nouvelles générations, en particulier les millénialls et la génération Z, accordent une importance accrue à la signification de leur travail. Selon une enquête réalisée par le cabinet de conseil en management EY, 87% des millénialls estiment que le sens au travail est une priorité absolue.

En effet, il confine à l’identité (ce pourquoi les questions d’éthique, de transparence, de diversité à travers la RSE et pour lesquelles émergent de nouveaux challenges RH – imbriqués également avec la transformation numérique/culturelle des entreprise – sont aussi importantes) et que sa compatibilité avec son profil de personnalité doit trouver aussi un sens.

Facteurs de personnalité, facteurs environnementaux, et interactions systémiques

La question de savoir si donner du sens à son travail est une nécessité universelle ou dépendante de la personnalité individuelle est un débat complexe qui a suscité l’intérêt des chercheurs en psychologie, en sociologie et en sciences du travail. Les recherches menées dans ce domaine montrent que c’est une combinaison des deux facteurs, à savoir des éléments intrinsèques à la personnalité et des conditions de travail externes, qui influencent la perception du sens au travail. La recherche de sens au travail transcende vraisemblablement la simple question de personnalité. Elle reflète une évolution des mentalités dans un monde professionnel en mutation constante, et dans laquelle, nos besoins évoluent de façon systémique également (aussi en lien avec nos parcours de vie plus largement).

Sans forcément être une quête fondamentale pour tous par ce que l’on a vu précédemment, le fait de donner du sens à son travail devient pour nombre de personnes une nécessité impérieuse pour cultiver un équilibre personnel et professionnel harmonieux. Alors que le monde continue à évoluer, il incombe aux individus, aux entreprises et à la société dans son ensemble de reconnaître cette nécessité et de travailler ensemble et co-construire pour créer des environnements de travail qui nourrissent le sens et l’épanouissement de chacun.

Ceux et celles elles qui reconnaissent cette interaction pour créer des environnements favorables sont plus susceptibles de bénéficier de collaborateurs engagés, motivés et épanouis.

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