Le masking, ou camouflage social, est un concept crucial et notamment dans la vie des personnes neuroatypiques. Ce processus consiste à dissimuler ou à modifier certains comportements ou traits de personnalité pour mieux s’adapter à des situations sociales (modulation de la voix, adoption de comportements sociaux spécifiques pour correspondre à des attentes, imitation d’expressions faciales ou / et des gestes, etc.). Bien que le masking puisse être bénéfique dans certaines situations, il peut également avoir des conséquences néfastes sur le bien-être et l’authenticité des individus neuroatypiques, pratiqué à outrance et dans l’ignorance de ses propres besoins. Dans cet article, nous explorerons comment le masking peut être à la fois utile et préjudiciable, ainsi que l’importance de l’auto-identification et de la connaissance de soi pour l’épanouissement personnel et professionnel.
Le masquage, masking ou camouflage social : à double tranchant
Tout le monde peut porter un masque pour s’adapter à son environnement. Mais si le masking peut être une stratégie efficace pour les personnes neuroatypiques lorsqu’elles sont confrontées à des situations sociales difficiles, celle-ci peut avoir également un coût d’autant plus important. Certes, en ajustant leur comportement pour correspondre aux normes sociales, elles peuvent se sentir plus acceptées et intégrées dans leur environnement : par exemple, une personne autiste peut apprendre à maintenir un contact visuel approprié lors d’une conversation, ce qui peut faciliter les interactions sociales. Elle peut aussi trouver des stratégies pour s’adapter à des environnements très ou trop stimulants.
Cependant, le masking peut également avoir des effets néfastes sur la santé mentale et le bien-être de ces mêmes personnes neuroatypiques. Lorsqu’elles passent trop de temps à s’adapter aux attentes sociales ou / et à l’environnement, elles peuvent ressentir un stress important et une fatigue émotionnelle qui ne se tarit jamais. Cette pression constante pour masquer leur véritable moi peut entraîner de la saturation perpétuelle avec des problèmes d’anxiété, de dépression et de burnout.
Les répercussions du masking sur l’authenticité
Un aspect essentiel du masking est son impact sur l’authenticité et l’estime de soi des personnes neuroatypiques. En dissimulant leurs traits neurodivergents, elles peuvent avoir l’impression de ne pas être comprises ou acceptées pour qui elles sont réellement. Cela peut entraîner une perte de confiance en soi et une confusion identitaire, car elles se demandent si elles doivent continuer à masquer leur véritable personnalité ou s’affirmer telles qu’elles sont.
Il est important de reconnaître que le masking peut conduire à une déconnexion par rapport à ses propres émotions et besoins. En se concentrant uniquement sur l’adaptation aux attentes extérieures, les personnes neuroatypiques risquent de perdre de vue leurs valeurs et leurs désirs personnels avec un faux self susceptible de prendre bien trop de place. Cela peut entraîner un sentiment de vide intérieur et une difficulté à trouver un sens à leur vie.
De plus, le fait de vouloir se conformer aux normes de genre et quant aux pressions sociales peut conduire certains profils à vivre plus fort les retentissements du masking. En conséquence de tout cela, certaines personnes neuroatypiques peuvent ne pas être diagnostiquées ou ne pas recevoir de soutien approprié jusqu’à l’âge adulte puisqu’elles ont « l’air normal ».
L’importance de l’auto-identification et de la connaissance de soi
Pour les personnes neuroatypiques, l’auto-identification et la connaissance de soi sont des éléments (d’autant plus) cruciaux pour surmonter les défis liés au masking. En reconnaissant et en acceptant leurs traits neurodivergents, elles peuvent commencer à se sentir plus authentiques et en paix avec elles-mêmes. Cela leur permet également de définir leurs propres limites et de se concentrer sur ce qui est vraiment important pour elles.
L’auto-identification et la connaissance de soi sont également essentielles pour favoriser l’épanouissement professionnel et personnel des personnes neuroatypiques et prévenir les risques psycho-sociaux. En comprenant leurs forces leurs faiblesses et sensibilités, elles peuvent trouver des environnements de travail et des activités qui leur conviennent mieux, sans avoir ajouter de surcouches adaptatives dont elles n’auraient possiblement pas conscience et pouvant les mener à l’épuisement. De plus, en étant fidèles à leurs valeurs et à leurs aspirations, elles peuvent construire des relations plus authentiques et satisfaisantes avec les autres.
Pour conclure, le masking peut être à la fois un outil utile en certaines situations et une source de stress pour les personnes neuroatypiques. Alors qu’il peut les aider à s’adapter aux normes sociales, il peut également compromettre leur authenticité et leur bien-être émotionnel. Pour trouver un équilibre entre adaptation et auto-expression, il est crucial que les individus neuroatypiques se concentrent sur l’auto-identification et la connaissance d’eux-mêmes, se donnent de l’écoute quant à leurs besoins. Le rapport et la connexion au corps est également important en ce sens pour favoriser la (re)connaissance de ces mêmes besoins. En se respectant et en s’acceptant telles qu’elles sont, ces personnes peuvent non seulement s’épanouir professionnellement et personnellement, mais aussi contribuer à créer un monde plus inclusif et compréhensif pour tous.