Comment surmonter et prévenir l’épuisement professionnel ?

L’épuisement professionnel, plus communément appelé Burn-Out en anglais, est une réalité qui touche un pourcentage significatif de la population. Il transcende bien souvent les frontières du lieu de travail pour s’immiscer dans divers aspects de la vie quotidienne. Aujourd’hui, nous explorerons les diverses facettes de l’épuisement professionnel, les racines profondes qui peuvent alimenter la fatigue mentale et émotionnelle dont il est question à travers lui, ainsi que quelques stratégies permettant à terme de retrouver l’équilibre et cultiver la résilience.

Selon une étude réalisée début 2022 par OpinionWay pour le cabinet Empreinte Humaine, 34 % des salariés seraient en burn-out, parmi eux 13 % en burn-out sévère soit 2,5 millions de personnes. Ces chiffres témoignent de l’ampleur d’un phénomène, à travers lequel la recherche de sens et l’équilibre de vie professionnel et personnel constituent une variable d’ajustement – notamment depuis la Covid-19 – de plus en plus importante.

L’épuisement professionnel : différentes facettes

Si l’objectif de cet article n’est pas de rentrer dans des considérations médicales (syndrome versus maladie etc.), il est important de voir que :

  • Dans le spectre de l’épuisement, l’épuisement professionnel est lié à un stress chronique et se situe à l’extrémité de celui-ci, tant il peut faire dysfonctionner la personne concernée (ex : corps qui dit non)
  • On le considère plus spécifiquement lié au travail – le théâtre de celui-ci – mais ses causes sont plus rarement uniques.
  • L’épuisement professionnel n’est pas l’apanage d’une profession ou un secteur spécifique. Il peut toucher n’importe qui, cadre ou non, entrepreneur ou non, que l’on soit dans des métiers liés au soin ou non, etc.
  • Avec une culture du travail plus précaire et compétitive, et là où le travail occupe une place (et des représentations) essentielle dans notre vie, cet épuisement est de plus en plus fréquent dans la vie des travailleurs

Selon l’étude Alight International Workforce and Wellbeing Mindset Study, réalisée en 2022 par Alight et Business Group on Health, près des trois quarts (73 %) des travailleurs ont signalé des niveaux élevés ou modérés de stress.

Aussi, plus d’un tiers (34 %) des travailleurs ont indiqué souffrir de symptômes d’épuisement professionnel, alors qu’un seul un salarié sur trois a déclaré que son employeur se souciait de son bien-être.

Des causes multiples à l’épuisement professionnel

L’épuisement professionnel se manifeste de différentes manières selon les contextes. Il peut se développer de manière insidieuse et affaiblir progressivement un individu vidé de son énergie, comme le faucher brutalement. Différentes variables rendent le travail plus difficile pour les professionnels

  • Certaines pressions accrues par des tâches (administratives notamment) en sus de plus en plus importantes
  • Des frontières entre vie personnelle et vie professionnelles poreuses, notamment avec le télétravail
  • La conciliation entre travail familial et professionnel (pour les femmes notamment)
  • L’inadéquation des valeurs, le manque d’appréciation ou / et d’autonomie peuvent être intérieurement clivants et créer de la souffrance dans la projection de notre place sociale

Plus globalement, il peut être exacerbé par des éléments extérieurs tels que des pressions financières, des relations interpersonnelles tendues, ou d’importantes responsabilités familiales (ex : jeunes enfants, être proche aidant)

Paradoxalement les individus très endurants à l’effort, avec des drivers importants tels que « Sois Fort » ou « Sois Parfait » par exemple, sont également particulièrement sujets à l’épuisement professionnel. La (sur)adaptation et la quête de perfection peuvent en effet conduire à des impasses sur le plan de la récupération énergétique.

Si nous pouvons revêtir un costume au travail, nous demeurons bien la même personne à l’intérieur. Pourquoi vouloir alors traiter le professionnel par ce seul prisme ? Des racines profondes, souvent liées à des normes sociétales et à des messages éducatifs ou injonctions, peuvent alimenter ces drivers à travers lesquels nous développons un certain nombre de croyances ou / et de peurs et conditionnements. Faire un travail personnel peut réellement aider à prévenir le fait de revivre de nouvelles situations souffrantes dans ce cadre.

Un équilibre à trouver en soi et à l’extérieur de soi

Plus nous développons un rapport secure aux choses avec une certaine écoute personnelle, moins nos tempêtes sont susceptibles d’être violentes. La roue de la vie, un outil d’évaluation personnelle, met en lumière les différentes sphères de notre existence. Lorsqu’une sphère, comme celle liée à la vie professionnelle, domine excessivement, l’équilibre peut être compromis. Prendre de la hauteur via cet outil peut permettre de mieux visualiser et cerner les points sur lesquels travailler ensuite en contexte par exemple.

Il est essentiel de cultiver toutes les dimensions de notre vie pour prévenir l’épuisement (sans parler de ce qui incombe aux entreprises pour prévenir les risques psycho-sociaux). Ne pas oublier de s’accorder des plaisirs et des temps dédiés pour alimenter notre sphère personnelle sera d’autant plus important pour prendre le recul nécessaire face à un travail pour lequel on légitime parfois plus facilement qu’il prenne trop de place.

Il est aussi essentiel de faire cette dissociation : nous ne sommes pas ce que nous faisons (réussir sa vie vs réussir dans la vie). Se poser la question de son identité a ici tout son intérêt, et ralentir peut s’avérer nécessaire pour l’accueillir au mieux. En effet avant de vouloir tout chambouler dans sa vie ou/et faire un bilan de compétences par exemple, se poser la question de ses motivations profondes – qu’est-ce qui est source de plaisir et de satisfaction pour vous – sera intéressant à questionner. Comme celle de savoir ce qui réhausse votre niveau d’énergie, le curseur n’étant pas sur ce qu’on l’on sait ou ne sait pas faire.

Et la motivation étant vecteur d’engagement et de performance, regarder ce qui nous remplit réellement, contribue au maintien de cet équilibre.

Les stratégies pour surmonter l’épuisement

La gentillesse envers soi

Développer la gentillesse envers soi est une clé fondamentale pour contrer l’épuisement. La recherche en psychologie positive montre que la pratique de l’auto-compassion est liée à une meilleure résilience mentale et émotionnelle. Ne pas avoir peur de dire non pour se dire oui, explorer ses limites et accueillir sa vulnérabilité, éliminer la pression de la réussite pour trouver sa propre définition de celle-ci, peut nous amener en toute authenticité vers davantage de tranquillité d’esprit, en nous détachant des injonctions quelles qu’elles soient (celles dont on a hérité, de la société, que l’on s’inflige, etc.)

Identifier, accueillir, et être dans le non-jugement de ses émotions sera aussi important dans cette optique pour se mettre en mouvement dans la bonne direction (ne plus chercher spécifiquement un statut ou un revenu, car votre existence a de la valeur quel que soit celui-ci et votre environnement de travail). Quelque part, ralentir pour découvrir son temple intérieur pour ensuite mieux se réaliser à l’extérieur, sera en ce sens salvateur.

Identification de triggers et facteurs

Reconnaître la pluralité des facteurs contribuant à l’épuisement est crucial. Cela peut inclure des aspects professionnels tels que la surcharge de travail, mais aussi des facteurs personnels, familiaux, et sociétaux. Une approche holistique est nécessaire pour observer ces différentes dimensions et avoir la meilleure stratégie pour les accompagner.

S’autoriser à prendre le temps, accepter notre impermanence dans notre façon d’être, est aussi essentiel afin de recouvrir une qualité de présence à soi-même permettant une saine mise en mouvement par la suite.

Se tourner vers soi et chercher du soutien social

Il n’y a pas de solution universelle pour surmonter l’épuisement. Les méthodes de rétablissement peuvent varier d’une personne à l’autre et selon sa situation. Cela peut inclure la pratique de la pleine conscience, l’exercice physique régulier, du coaching, la thérapie (TCC, ACT, hypnose, PNL, EMDR, etc.), de la méditation, le contact avec la nature ou/et des activités créatives. L’essentiel est de trouver ce qui fonctionne le mieux pour chaque individu selon son mode de fonctionnement et ses sensibilités.

Aussi, le soutien social est un remède puissant contre l’épuisement quand il est aussi sainement cultivé en parallèle. Des relations positives, avec du partage d’expériences, ou encore le fait d’oser demander de l’aide lorsque nécessaire renforcent ce soutien, qui est primordial pour surmonter les moments difficiles et transformer le cap de nouveaux fonctionnements.

Rétablir l’équilibre pour cultiver la résilience

En somme, surmonter l’épuisement professionnel nécessite une approche globale et personnalisée en contexte. Il est essentiel de reconnaître la pluralité des facteurs qui peuvent contribuer à cette fatigue extrême, qu’il s’agisse de pressions professionnelles pures aux influences éducatives et sociétales que l’on amène aussi au travail.

En développant la gentillesse envers soi, en apprenant à s’écouter et à faire preuve d’auto-compassion, en se connectant à nos essentiels et nos valeurs pour développer nos talents, mais aussi en investissant différentes méthodes de rétablissement, avec davantage de soutien social, chacun peut entamer un voyage vers l’équilibre et la résilience.

Se sortir de l’épuisement professionnel n’est pas seulement de l’ordre de la survie, mais aussi une invitation à (re)découvrir la voie de la de la vie dans toutes ses dimensions. Il s’agit aussi de rester prudent : là où nous attend(ri)ons encore et toujours énormément du travail (donner un but et une certaine réalisation de soi) cultiver les choses pour nous et en nous est d’autant plus essentiel. Etre profondément aligné avec son objectif s’avère donc un travail de fond important (vs chercher la validation d’autrui à travers son activité).

Et vous, savez-vous ce qui résonne vraiment en vous ?

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